Développement

Après le vol nuptial, le réceptacle séminal de la reine renferme un volume important de sperme et fonctionne comme une pompe régulatrice, contrôlant l'envoi des spermatozoïdes sur les ovules. Le déterminisme du sexe est régi chez les Hyménoptères par la Loi de Dzierzon : les œufs fécondés (diploïdes) donnent des femelles, les autres (haploïdes) des males. Le sperme conserve de nombreuses années ses propriétés séminales grâce à une sécrétion de glandes appendiculaires situées à la base de cet organe.

 

L'œuf et la ponte

C'est à la reine d'assurer la dépendance de la colonie. Dans les sociétés polygynes, la ponte est le fait de plusieurs reines, jusqu'à 300, mais elles sont dans ce cas de bien plus faible taille que celle des sociétés monogames d'espèces voisines.

Les ouvrières interviennent parfois dans la reproduction. Cela se rencontre dans certains cas ou la reine vient à disparaître ( exemple d'une colonie de Lasius observé par Crawley et qui, suite à la mort de sa reine avait adopté une reine de Lasius Umbratus mais continuait à produire des ouvrières de Lasius Niger ).

La reine est réduite au rôle de machine à pondre ; entourée d'ouvrières qui lui dégorgent de la nourriture, la lèchent sans cesse et la caressent de leurs antennes, elle assure la fonction essentielle de produire la descendance. Deux ou trois ans après sa fondation, la fourmilière s'accroît à un rythme accéléré.

La reine qui va pondre baisse la tête, recourbe son abdomen, laisse pendre ses antennes, se fige dans cette position et fait saillir un œuf brillant par son orifice génital. En général, des ouvrières saisissent l'œuf entre leurs mandibules et l'emmène dans des salles qui servent de couvoir ou les œufs sont entassés et réunis entre eux par la salive.

Les œufs récemment pondus sont de teinte blanc laiteux, de forme parfois ellipsoïde, ils sont en règle général longs et arqués. Pendant l'incubation, les œufs s'allongent et prennent une teinte jaunâtre. L'apport de salive par les ouvrières provoque leur gonflement car il se produit une absorption de liquide par endosmose à travers leurs parois. La durée du développement embryonnaire s'échelonne de1 à 5 semaines, les œufs pondus à la fin de la belle saison ne se développent qu'au début du printemps suivant.

Les larves

On observe peu souvent à l'éclosion des œufs lorsque la mince enveloppe de déchire et que la larve s'en extrait (la membrane est jetée ou mangée). Les formes larvaires des fourmis sont toujours d'aspect vermiforme avec un corps effilé et arqué vers l'avant ; elles sont dépourvues de pattes, leur tête, grande dans les familles primitives est réduite et partiellement enfoncée dans le premier segment thoracique chez les autres espèces.

Parmi les appendices céphaliques, seul le labre et les mandibules sont bien développés, les autres rudimentaires ou absent. Il n'y a jamais de trace d'yeux.

Les larves de fourmis appartiennent toutes au type apode eucéphale, mais leur morphologie varie selon les genres.

Leurs corps, pluri segmenté comporte dans la plupart des cas 12 ou 13 segments. Leur tégument nu au moment de l'éclosion se recouvrent de nombreux poils aux formes variés : ces poils possèdent divers fonctions ; ils empêchent les larves de s'entre dévorer, d'être en contact avec le sol et s'enchevêtrent ensemble, ce qui permet aux ouvrières de les transporter par paquet.

La durée du développement larvaire, qui s'effectue en 4 ou 5 mues, varie de 1 à plusieurs semaines. Les larves sont l'objet de soins attentifs, sans cesse nettoyées, alimentées et déplacées. Elles sont d'ailleurs entassées par stade de croissance et leur emplacement varie au cours de la journée en fonction de la température.

L'alimentation des larves, fort variés selon les groupes, nécessite toujours une certaine quantité de produits d'origine animale, pour que leur croissance s'effectue normalement.

 

La métamorphose

A la vie larvaire succède un stade nymphal pendant lequel l'individu ne se nourrit pas et demeure immobile. Les nymphes de fourmis ont l'aspect de momies, leurs téguments sont blancs et mous et leurs appendices (ailes, pattes et antennes) apparaissent libres et détachés du corps. Pendant la nymphose s'effectuent de profondes transformations internes avec remaniement complet du tube digestif, du système nerveux, de l'appareil respiratoire, de la musculature, mise en place des organes des sens,….

Il existe deux types de nymphes chez les fourmis : les unes sont nues (Dolichodérides et Myrmicides), les autres (familles inférieures et Formicides) enfermées dans un cocon de soie que file la larve avant la métamorphose.

 

Les larves de fourmis ne peuvent déféquer : l'intestin moyen, obturé à son extrémité est contigu avec l'intestin postérieur et ce n'est qu'au début de la nymphose que s'effectue la continuité du tube digestif. Les excréments larvaires (ou méconium) qui se sont accumulés dans une poche spéciale sont alors éliminés. Il est impossible d'observer la chrysalidation chez les espèces qui filent un cocon. A l'approche de la métamorphose, les ouvrières amènent les larves dans des chambres au sol sec et sablonneux. Les larves s'y enfouissent et aménagent une cavité dont elles enduisent les parois avec la sécrétion de leurs glandes labiales séricigènes. Les ouvrières dégagent ensuite les cocons achevés dont la teinte jaunâtre s'obscurcit peu à peu. On observe à leur partie inférieure une tache sombre et circulaire (voir photo ci-dessous), vestige du méconium et l'exuvie larvaire frippée.
Après 2 ou 3 semaines, les téguments des nymphes nues s'assombrissent, signe précurseur de l'éclosion des adultes.

Ce sont les ouvrières qui permettent aux nymphes de sortir du cocon en l'incisant avec leurs mandibules.

Les fourmis nouveaux nées, totalement dépigmentées et aux téguments mous, demeurent quelque temps enveloppées de la mince exuvies nymphale, elles se pigmenteront en quelques heures et passeront le début de leur existence dans le nid avant de sortir par la suite.