Linepithema humile

(Mayr, 1868)

Ouvrières

Tête et gastre variant du jaune foncé au brun, thorax jaunâtre, appendices jaune foncé. Tête plus large que le thorax, pattes très longues.
L. 2,1-2,6 mm.

Reines

Avant-corps d'un brun café au lait, gastre brun noir. Téguments assez luisants, surtout sur le scutellum qui est le point le plus élevé du thorax.
L. 4,5-4,9 mm.

   

Mâle

Tête et gastre bruns, assez luisants, thorax jaune foncé, maculé de brun çà et là. Pattes jaunes, antennes très pâles, testacees. Tête plus large que le pronotum, mais 1/3 moins longue que le mésonotum. Thorax court, globuleux, contrairement à celui de la reine qui est 4 fois plus long que large. Ailes légèrement enfumées.
L. 1,9-2,1 mm.

 

Introduite, surtout depuis 1915, en des régions variées d'Europe médi­terranéenne, mais dépasse peu les côtes en raison de son besoin d'humidité. En 1921, Chopard la signalait principalement de Cannes et Antibes (Alpes-Maritimes), où elle faisait de grands ravages dans les villas et les.jardins. Depuis lors, a envahi toute la côte sud-est, depuis Toulon jusqu'à Menton. Par exemple, très redoutée à Saint-Raphaël (Var) et pullulant à Monaco, notamment sur les murs du Musée Océanographique. Signalée à Callian (Var) (L. Berland, 1953), c'est-à-dire à 25 km du littoral ce qui est excep­tionnel. Relativement rare à l'Ouest de Marseille, parce que cette région est plus sèche et reçoit des vents plus froids en hiver. Hérault : Sète (Lichtens-tein). Espagne, Majorque, Italie du Nord, Grèce. Rare en Afrique du Nord, à cause de son concurrent très efficace Tapinoma simrolhi : je n'ai vu là Iridomyrmex que dans la ville de Tanger, mais sur la plage voisine on ne trouve que le Tapinoma. A Madère et diverses autres îles atlantiques, /. humilis a réussi à détruire les Pheidole et autres genres locaux dominants aupara­vant. Je l'ai signalée de Majorque, où elle était rare en 1956. Nuisible en Corse, notamment à Calvi.

Appelée « Fourmi d'Argentine » par les premiers chercheurs américains et par notre population. /. humilis paraît en réalité originaire de la moitié sud du Brésil, où elle a plusieurs variétés. Santschi a baptisé arrogans la forme si néfaste sur notre Côte d'Azur, parce qu'elle est un peu plus grande, plus foncée et plus dynamique que le type brésilien. En réalité, il doit s'agir là du phénomène bien connu d'exaltation de la vitalité par certains climats nouveaux, cette Fourmi, au Brésil, étant plus lente et peu nuisible à l'Homme.

Biologie : 

Cet Insecte si envahissant a fait l'objet de plus de 150 publi­cations mondiales. Le lecteur est renvoyé à Barber (1916) et M. R. Smith (1936) pour la lutte engagée aux États-Unis, à Marchal (1917), L. Chopard (1921) et F. Bernard (1950) pour le comportement sur notre Côte d'Azur. Je me bornerai ici à quelques faits essentiels :

Hertzer (1930) a bien montré la nécessité d'un air humide, au moins pour les premiers stades larvaires, ce qui explique la limitation près de nos côtes et l'absence dans les régions à gelées fréquentes, où l'air peut être très sec en hiver. Espèce tropicale, I. humilis a besoin d'une nourriture abondante, et, en zone méditerranéenne à végétation assez pauvre, se localise surtout dans les jardins et les maisons. La plage de Saint-Aygulf (Var), indemne jus­qu'en 1946, grouille d'Iridomyrmex depuis qu'une grande organisation de camping y a répandu des détritus.

L'espèce est très omnivore, mais entretient beaucoup les Homoptères sur les plantes, et, en l'absence d'autres aliments, peut dévorer dans une maison les objets les plus inattendus. Je l'ai vue à Saint-Aygulf marcher en colonnes sur l'eau de mer, y faisant au moins 20 cm pour capturer des Chiro-nomides qui en éclosaient. Elle change très facilement de nid et possède de nombreuses reines très agiles, ce qui ne facilite pas sa destruction.

A cet égard, le seul procédé très efficace est la préparation de pots en verre ou en grès, contenant du sucre en poudre ou de la mélasse avec 2 % d'arsénite ou d'arséniate de soude, et fermés par des toiles métalliques pour que les enfants et les chiens ne s'empoisonnent pas. Les reines meurent après apport de ce sucre par les Ç>, et la fourmilière s'éteint en peu de mois. Sans aucun doute, le manque de sucre et de produits chimiques en Europe durant la guerre 1939-1945 a ralenti la lutte et permis l'arrivée d'Iridomyrmex à Monaco et en Italie. Aux îles de Lérins (Cannes), la défense des cultures a placé par­tout ces poisons sucrés dans des sacs en cellophane suspendus aux branches.

Là où elle s'établit, aucune autre Fourmi ne subsiste ; Chopard cite Plagiolepis pygmaea comme résistante, mais cela ne paraît pas le cas partout. Seul Tapinoma simrolhi serait un ennemi naturel très victorieux, depuis le Maroc jusqu'en Asie Mineure. Mais ce Tapinoma est presque aussi nuisible dans les jardins queYlridomyrmex, et vient d'être introduit en Corse, où il pullule. M. Pavan (depuis 1951) a publié de nombreux et excellents tra­vaux sur FIridomirmécine, antibiotique extrait par lui de Iridomyrmex humilis très toxique, pour les autres Fourmis notamment.

Bibliographie :

Les Fourmis d'Europe - Francis Bernard

Up

RETOUR