Proformica nasuta
(Nylander, 1856)
Ouvrières
L. 2,5-6,5 mm (7,5 à 8 mm chez les individus « melligères » à gastre enflé). Noir luisant, fémurs et antennes bruns, tibias et tarses rougeâtres, tachés de brun. De grands poils dressés, espacés, sur la tête et le pronotum. Gastre à rares poils, plus fins. Pas de pubescence argentée sur les flancs du thorax. Allure deCataglyphis. Les petites ouvrières, très agiles, rappellent plutôt, comme allure, la banalité algérienne Acantholepis frauenfeldi. Ces ressemblances ont sans doute fait négliger P. nasuta par certains spécialistes chassant dans le Midi. En Grèce, on trouve une race entièrement rougeàtre (Forel).
Reine
L. 6,2-6,9 mm. Très semblable à l'ouvrière comme couleur et pilosité.
Mâle
L. 6,6-7,2 mm. Tête, thorax et pétioles noirs, gastre jaune d'or avec le premier tergite et les bords postérieurs des tergites suivants brun clair. Pièces génitales jaune d'or. Tout le corps assez luisant et densément poilu : poils roux dressés, flous, plus denses sur l'avant-corps et sur le premier tergite du gastre. Pattes jaune foncé, antennes brunes.
Probablement fréquente dans les lieux secs et rocailleux de notre région méditerranéenne et des Alpes, toujours loin de la mer. Localités connues : Gard : Beaucaire (types de l'espèce) ; Alpes-Maritimes : plateau de Caussols, 1 100 m (Stumper) ; Hautes-Alpes : Gap (Kutter) ; Basses-Alpes : Manosque (L. Berland) ; Drôme : Nyons (coll. André) ; Cévennes et sud du Massif Central (d'après Bondroit). Espagne, Portugal, Balkans, Russie sud, Asie centrale. Il est curieux que personne n'ait trouvé cette Fourmi en Italie, où les bons myrmécologues ne manquent pas. Très avide de sécheresse, au moins en été, elle ne supporte peut-être pas l'influence maritime, si répandue sur la péninsule.
Biologie
Espèce des plateaux arides, surtout calcaires, continentaux, de 100 à 1 200 m. En Grèce, se rapproche du littoral (environs de Salonique, Forel), chose possible en raison de la sécheresse locale du climat. Forel signalait déjà en 1911 la présence au nid de grosses ouvrières à gastre très distendu sans doute comparables aux « pots à miel » que constituent les ouvrières réservoirs des Myrmecocystus américains. Ed. Meyer (1923) constate le même fait au Caucase et en Crimée. R. Stumper (1956-1957) observe P. nasuta sur le plateau karstique inhabité de Caussols (Alpes-Maritimes) et publie deux notes très précises et intéressantes. Il montre que la régurgitation du contenu du jabot entre grosses et petites ouvrières n'est pas fréquente, et que le faible nombre des individus « gonflés » restant au nid (1,1 %) ne doit pas suffire à nourrir les 99 % d'ouvrières plus petites. La fonction de « pot à miel », très utile en stations arides où Pucerons et proies manquent en été, est donc moins développée que chez les Myrmecocystus du sud de l'Amérique du Nord. De plus, Stumper a dosé l'acide formique par individu et trouve une proportion de cet acide faisant 1,2 à 2,6 % du poids du corps. Ainsi, Proformica sécrète de l'acide formique, mais 3 à 6 fois moins que lesFormica. Il reste à étudier les larves et leurs modes de résistance à la sécheresse. Nid peu profond, dans la terre ou sous les pierres. 300 à 1 000 individus.
Bibliographie
LES FOURMIS D'EUROPE - FRANCIS BERNARD